Sacado del libro PROMENADES EN ESPAGNE Pendant les anuées 1849 et 1850 de Mme DE BRINCKMANN
Joséphine de Brinckmann, nacida Dupont-Delporte. (1808-?), aventurera francesa. Escribe una serie de cartas a Monsieur Hugues Delporte cuando realiza un viaje por España entre octubre de 1849 y julio de 1850. Todas estas cartas están recopiladas en el libro indicado arriba. Nosotros trascribimos y traducimos la número XX, ya que describe un viaje que desde Granada hace hacia la Alpujarra pasando por algunos pueblos del Valle de Lecrín
LETTRE XX. Almeria, 5 mai 1850 . - Crois-moi, mon cher Hugues, il n'y a pas de plus adorable manière de voyager en Espagne que celle que j'emploie. La promenade que j'ai faite à travers les Alpujarras pour me rendre ici est comme celle que je fis dans la province de Malaga, quelque chose de si enivrant que les paroles ne peuvent l'exprimer. Durant celle-ci, j'eus de plus que pendant la première un temps toujours magnifiquement beau et une chaleur très-supportable, du moins pour moi qui ne la crains pas . C'était le 29 au matin que je quittais la casa de pupilos de Don Juan, située dans une petite rue conduisant au pont et à la Carrera ; je regrette de ne point retrouver dans mes notes l'adresse plus positive de ce brave homme qui met tout en usage pour être agréable à ses pupilos . Montée cette fois sur un bon cheval , ayant une très bonne selle, une vaillante garde civile à cheval, j'aurais -dû partir le coeur joyeux, et il n'en était rien . Je regrettais amèrement les heureux jours écoulés à Grenade, et j'avais l'âme toute triste en faisant à mon passage mes derniers adieux à la délicieuse promenade de los Salones, à ces belles allées, ces magnifiques ombrages qui vous conduisent loin dans la Vega. Lorsque nous fûmes à une certaine distance, nous prîmes le grand galop pour arriver à et ultimo Suspiro del rey moro ; comme le malheureux Boabdil, je voulais m'arrêter là un instant, et jeter un long, triste et dernier regard sur ce paradis terrestre, comprenant les douloureuses angoisses du roi qui l'avait perdu . Lorsque Boabdil remit sa capitale entre les mains des vainqueurs, il dit à Ferdinand : Tuyos somos, rey poderoso y ensalzado ; esta cuidad y reino te entregamos, que asi lo Allah, y confiamos que usaras de tu triunfo con clemencia y generosidad. L'infortuné monarque ne put en dire davantage, la voix lui manquait. Malgré les instances du roi , il sauta sur son cheval et se lança à toute bride dans la direction de l'Alpujarra qu'avait prise sa famille, et un petit nombre de guerriers et d'amis dévoués le suivant dans sa mauvaise fortune . Il arriva ainsi à l'extrémité de la Vega sur le haut de la colline de Padul entre des rochers . C'est le dernier point d'où l'on aperçoit Grenade . Là, il retrouva toute sa famille disant adieu au beau royaume et au palais des Perles, qu'elle savait, pour elle, perdus sans retour. Boabdil descendit de cheval ; lui aussi eut des regards douloureux pour tant de biens perdus ; il se prosterna la face contre terre, et, dans un de ces déchirants cris de l'âme, il s'exclama: Allah-akbar¡ (Dieu est grand), et il versait d'abondantes larmes . - Oui, pleure comme une femme, lui dit la fière Aïxa sa mère ; pleure, roi sans valeur, qui ne sus pas défendre ta couronne. -Allah-akbar¡ répondit-il . Et le désespoir, la honte et la douleur séchèrent ses yeux. Il sauta sur son cheval, le lança avec tant de vigueur que l'empreinte de ses fers se voit encore aujourd'hui sur le rocher : lui et sa suite disparurent dans les hauteurs des Sierras . C'est en mémoire de ces tristes adieux que cet endroit fut appelé depuis el Suspiro del rey moro. En quittant ce plateau aride, et après avoir jeté mon dernier regard sur la ville du palais des Perles, nous trouvâmes des sentiers plus riants qui nous conduisirent à une assez bonne route à travers les plus gracieuses campagnes. Cette route est celle de Grenade à Motril ; elle est commencée depuis bien des années déjà et fut tracée par un ingénieur français à qui elle fait grand honneur . D'immenses difficultés de terrain ont été vaincues ; il y a des endroits où de hautes montagnes, où des masses granitiques ont été coupées comme par enchantement . Dans ce pays peu peuplé, où les bras sont occupés à l'agriculture, on manque quelquefois d'ouvriers. Le gouvernement a eu l'heureuse idée d'employer des forçats ; il y a grande économie pour lui, et c'est un bien pour ces gens-là que de travailler sous la surveillance très-sévère des ingénieurs et de la troupe, au lieu de devenir plus vicieux encore dans l'oisiveté des bagnes. Nous traversâmes les villages de Armilla, Alendin , Padul, dont l'aspect est si étrange. Ce derniér n'est habité que par des gitanos, vivant, comme à Grenade, dans des grottes. Ce fut dans ces contrées que, pour la première fois, je vis des gitanos nomades. Ils campent où ils se trouvent, quand ils sont fatigués ; bêtes et gens, tout cela est pêle-mèle sur le sol. Ils me parurent avoir dans la physionomie quelque chose de plus sauvage que ceux des villes ; les femmes, toutes couvertes de brimborions de crysocale, et pieds nus, paraissent d'une effronterie dont je n'ai pas encore vu d'exemples. Quelques-unes disaient d'indécentes paroles à mes braves gendarmes ; d'autres me demandaient si j'étais la reine, pour voyager ainsi. Personne ne répondait, comme tu penses. Après Padul nous trouvâmes Durcal et son petit ermitage, Beznar et Tablate . Entre ces deux derniers villages règne la plus délicieuse vallée d'orangers qu'on puisse voir. Après Tablate, nous quittons le tracé de la route allant à Motril, pour entrer dans des sentiers toujours en montant jusqu'à Lanjaron, où je devais passer la nuit. Ces montagnes sont nues, arides, et lorsque, arrivée à une certaine hauteur, Lanjaron tout d'un coup s'offrit à mes regards, je restai ravie. Cette montagne si verte, si belle, ces cascades, ces torrents éclairés par un beau soleil couchant, tout cela faisait un ravissant tableau . Quelle ne fut pas ma surprise, mon cher ami, en trouvant dans ces lieux, si loin du monde civilisé, un Français établi, tenant la posada de la petite ville. Il me prit d'abord pour une Anglaise ; puis, se repentant d'une semblable erreur, il ne savait plus que dire et faire pour me la faire oublier . Toute la maison fut en mouvement pour que la compatriote fût traitée avec tous les honneurs qui lui sont dus. Le brave homme n'avait pas trouvé l'occasion de dire un mot de français depuis 1814 qu'il s'était marié et établi à Lanjaron, et sa joie était bien grande . Le lendemain matin, mon hôte et deux indigènes de ses amis vinrent me prendre pour me faire visiter les sources et les sites délicieux qui entourent la petite ville. Si elle était en France, quel parti on tirerait d'une si grande richesse en eaux minérales! Mais les Espagnols qui, heuresement pour eux, ont si peu de besoins, ne savent pas exploiter les munificentes de la nature à leur égard. Cette adorable montagne, outre la richesse étalée aux regards, contient donc dans son sein plusieurs sources différentes et d'une merveilleuse efficacité. Mais l'accès de Lanjaron étant impossible aux gens bien malades, puisqu'on ne peut y venir qu'à cheval, il s'ensuit que ses eaux sont peu suivies. Je vis d'abord la fuente de la Capuchina, dont l'eau est horriblement salée et aigre, et peut avoir seulement 20 degrés ; les fuentes de la Salud et de San Antonio, qui guérissent la fièvre, et enfin celle plus abondante de l'établissement. Elle est extrêmement chargée de fer ; elle a 24 degrés. Mais, mon Dieu, quel établissement! Et quand on n'a qu'à ramasser le marbre tout autour de soi pour faire de belles et utiles choses! Mon hôte me dit à cela : «C'est que l'absence de chemins empêchera toujours qu'on vienne beaucoup, et les frais qu'on ferait seraient en pure perte . » Figure-toi donc une cabane qu'on refait tous les ans pour la saison des eaux ; elle a trois piscines, pouvant contenir chacune six personnes, le tout très-grossièrement bàclé. L'eau est si abondante qu'elle se renouvelle sans interruption dans les trois piscines . Rien de charmant comme la position de cette cabane, située sur un monticule s'élevant au milieu d'une profonde vallée toute plantée d'orangers. De là on plonge sur d'autres vallées toutes d'aspects différents ; c'est délicieux . J'avais vu à Tarifa un médecin allemand s'occupant d'un grand ouvrage sur les établissements thermaux d'Espagne ; il place les eaux de Lanjaron parmi les plus efficaces de la Péninsule. De l'établissement, nous descendrons, à travers les bois d'orangers en fleurs, à l'ancien château arabe dont la posisition est si pittoresque . Il est situé sur la pointe aiguë d'un haut rocher paraissant sortir de la terre, dans la vallée au bas de Lanjaron. Il faudrait avoir l'agilité et avoir participé de l'éducation des chèvres pour arriver facilement jusqu'à ces belles ruines. Deux hautes tours sont encore debout, et une fois parvenu dans les cours du château, on peut arriver facilement jusqu'aux plates-formes, d'où l'on a une très-belle vue. Mon hôte, en homme prudent, n'était pas arrivé jusqu'en haut, mais ses compagnons, voyant ma persistance à vouloir monter, et sans le secours de leurs mains, s'étaient mis immédiatement derrière moi pour me recevoir en cas de chute.. Leur habitude des montagnes a fait d'eux de véritables isards. Ils étendaient leurs bras de tous côtés, disant : "Mon Dieu quel malheur, si la première señora française qui vient ici se tuait à côté de nous!" mais enfin, je m'en tirai à leur satisfaction . Mon hôte voulut ensuite me faire voir les principales huertas, y compris la sienne, qui est une des plus belles . Toutes ces huertas sont en terrasses du haut en bas de la montagne, et les terres y ont été apportées . L'abondance des eaux, et l'exposition de la montagne firent penser aux habitants de ces contrées quel parti on pourrait en tirer ; à force de travail, et au moyen de terre qu'ils y apportèrent du fond de la vallée, ils changèrent en jardin des Hespérides la haute montagne de Lanjaron. Tu conçois que ces terres-là produisent immensément ; je n'avais pas encore vu d'aussi beaux orangers que ceux de la huerta de mon brave hôte, Juan Delpino. Ceux de deux ans sont couverts de fruits, ceux de sept ans sont gros comme des noyers. J'en sortis toute chargée de fleurs et de fruits pour ma route. De sa propriété, mon hôte me conduisit dans des bois si charmants qu'on les a nommés el Paraiso (le paradis) . Si je ne commençais à être un peu pressée par le temps, je serais volontiers restée un jour de plus à parcourir cette belle et gracieuse nature, mais il faut penser que la chaleur ne tardera pas à être très-forte , et que, d'ailleurs, j'ai mille raisons pour rentrer dans cette pauvre République française, malgré le peu de sympathie que j'ai pour la robuste déesse qu'elle encense aujourd'hui. A quatre heures, je quittai mon compatriote l'aubergiste et le riant séjour de Lanjaron, pour aller à Orgiba passer la nuit. Nous descendîmes dans la vallée, toujours à travers des jardins charmants, et après avoir remonté une haute montagne par un sentier fort mauvais, je jetai un dernier regard sur ce magnifique tableau, sur cette végétation perpétuelle, ces eaux que le soleil couchant fait scintiller de mille feux du haut en bas de cette montagne d'émeraudes, puis nous tournâmes à gauche, et Lanjaron avait disparu pour toujours . Je remarque que le costume des femmes est toujours le même, c'est encore le jupon jaune. Quant aux hommes, le leur est plus arabe que dans les campagnes de Grenade. Ils portent un large pantalon de toile blanc, n'allant que jusqu'aux genoux, une ceinture de laine rouge leur entoure la taille ; ils n'ont qu'un gilet, et le classique manteau espagnol est remplacé par une espèce de couverture de laine à carreaux bleus et blancs. Cette couverture est très-longue et pliée en deux dans sa longueur ; l'une des extrémités est cousue de manière à former un sac, et cette partie, ramenée par devant, leur sert à mettre leurs petites provisions de bouche. Je me trouvai transportée brusquement d'un lieu charmant au milieu d'une affreuse nature sans végétation. De loin, j'apercevais Orgiba dans une position assez pittoresque . Ce village est posé au milieu d'un bassin formé par de hautes montagnes; les deux tours de son église font un très-bon effet de loin . Quant au village, il est laid et sale à faire frémir. Et la posada! je la trouvai encore tenue par un Français, mais qui ne valait pas le brave Juan Delpino ; sa femme, la plus sotte brute du monde, m'apporta bien douze paires de draps successivement avant que j'en pusse trouver une pure de tout contact humain depuis celui de la rivière. Cependant, rendons justice, sous un certain rapport, aux posadas; je n'y ai pas encore trouvé cet animal repoussant qu'on dit si commun en Espagne, si ce n'est dans la seule Ujigar dont je te parlerai tout à l'heure . Cela peut tenir à la précaution que je prends et que je vais t'indiquer pour ta gouverne. Il faut bien se garder de coucher dans un lit: après avoir fait étaler un drap à terre, et fait poser dessus un matelas bien entouré de linge blanc, on y dort du meilleur sommeil possible ; il faut aussi garder de la lumière toute la nuit. Il faudra voir la petite église d'Orgiba et de fort bons tableaux qu'on trouve dans la sacristie . Les montagnes entourant ce village contiennent des mines de plomb argentifère, dont l'exploitation occupe un grand nombre d'ouvriers. La plus riche est celle de la Sierra-Lucar . La journée d'Orgiba à Ujijar fut délicieuse. A peine sortis du bassin où est la première, nous entrâmes dans le large lit du torrent de Cadiar, qui y serpente sans en occuper la deuxième partie . J'étais obligée d'aller toujours au pas ; depuis Lanjaron, je n'avais plus que des gendarmes à pied, mais dans ce chemin délicieux je ne le regrettais pas . Le lit du torrent, toujours abrité du soleil par des rochers et des ombrages, est encore parsemé de lauriers en fleurs et d'arbustes odorants de toutes couleurs, c'est la plus charmante promenade qu'on puisse imaginer. Pendant neuf heures de route, je ne rencontrai pas un village ; seulement quelques rares ventas où il est fort agréable de se désaltérer avec le vin liquoreux de ces contrées, étendu dans l'eau toujours si fraîche des alcarazas. Nous quittâmes notre torrent près d'Ujijar pour prendre alors le sentier qui y conduit . Cette laide petite ville est située dans une position charmante sur une colline d'une merveilleuse fertilité ; la vallée qui est à ses pieds est un vrai jardin ; les montagnes qui l'entourent contiennent des mines de plomb. L'église est bâtie sur les ruines de l'ancienne mosquée, mais il ne reste rien de cette dernière. Ujijar était la capitale de l'ancienne province d'Alpujarra, c'est là qu'eut lieu la dernière bataille entre les Espagnols et les Arabes, bataille qui décida du sort de ces derniers ; ils furent pourchassés ensuite jusqu'à Tarifa, où ils s'embarquèrent. Si j'ai gardé un bon souvenir des sites charmants qui entourent cette ancienne capitale, je n'en dirai pas autant d'elle-même. Il est impossible, cependant, de produire plus d'effet ; jamais étrangère n'avait été vue dans ces lieux si reculés ; j'étais tout à fait une curiosité, et, en descendant sur la place, la ville entière était autour de moi ; mes gardes civils étaient obligés d'user des moyens les plus violents pour écarter cette foule importune . Enfin, un señor, un notable de l'endroit, un véritable caballero, vint interposer son autorité et m'offrir son bras pour me faire voir la ville. La surprise était à son comble, je devais être une très-grande dame ; assurément le posadero eut la même conviction, à en juger par la note effrayante qu'il me présenta le lendemain matin, et cela, pour la plus exécrable nuit que j'aie passée de ma vie. Le même caballero, qui était venu passer la soirée avec nous, m'avait offert l'hospitalité, je me suis bien repentie depuis de n'avoir pas accepté . Les murs des chambres de la posada, les plafonds formés avec des joncs, tout cela contenait des milliards de punaises. Je changeai trois fois de chambre, sans parvenir à trouver de repos ; enfin je pris le parti de descendre m'asseoir dans la cour, pour attendre le retour du jour. La cour était cependant encombrée d'arrieros couchés sur le sol, enveloppés dans leur couverture ou dans des peaux de mouton. Enfin je patientai dans le coin le plus retiré . Mon guide, à qui je témoignais plus tard mon étonnement sur ce singulier dortoir, me dit que les arrieros ne couchent jamais dans un lit ; ils sont en général si pauvres, qu'ils ne peuvent faire cette dépense dans les posadas, et cependant elle ne monterait peut-être pas à un réal ; mais ils sont habitués à cela depuis leur enfance, et dorment aussi bien sur la terre que sur le meilleur matelas ; lui-même malgré ses soixante ans, me dit-il, n'en connaissait pas d'autres que sa peau de mouton étendue à terre. Ainsi, il y a en Espagne une nombreuse population qui n'a jamais connu les douceurs du lit ; elle se compose des arrieros, des ouvriers de la campagne, des domestiques de ferme et du plus grand nombre des gitanos . Leur nourriture est en rapport avec cette manière d'être : ils mangeront quelquefois une soupe épaisse le matin, mais c'est un extra ; le plus ordinairement c'est du pain et de l'ail, ou de la salade d'oignons crus, ou de la morue crue ; mais il leur faut toujours du vin ou un peu d'eau-de-vie ; ils n'en boivent jamais à s'enivrer. Cette eau-de-vie est blanche et parfumée à l'anis ; avec de l'eau et du sucre, c'est une très-bonne boisson pour la chaleur. Je persiste à dire, après avoir vu le peuple d'Espagne dans les villes et dans les campagnes, après m'être très-souvent et très-volontairement mêlée à ces braves gens, oui, je répète que, malgré les rateros qui désolent l'Andalousie, le peuple espagnol est extrêmement bon et hospitalier; ses instincts sont généreux, ses sentiments sont élevés . Enfin, pour revenir à Ujijar, je dirai à tout voyageur qui me consulterait : a Préférez la voûte du ciel dans le jardin de la posada ou dans les champs, aux chambres de cet abominable établissement .» De grand matin, nous fûmes rejoindre le lit de notre torrent; il devenait de plus en plus pittoresque . A une heure environ d'Ujijar, nous étions entre de hautes murailles de roches rouges du plus bel effet, et qui avaient aussi pour nous l'avantage de nous garantir d'un soleil ardent; puis nous trouvions en approchant de la petite ville de Berja deux villages charmants bâtis en amphithéàtre. Berja est une jolie ville située dans une vallée riante et fertile où je voulais rester un peu pour me promener. Mon brave guide avait à Berja un ami médecin ; il eut l'ingénieuse idée d'aller, sans me consulter, le prier de venir être mon cicerone . J'acceptai avec reconnaissance l'offre que vint me faire le frater . Après m'avoir promenée pendant deux heures, il nous demanda encore de continuer ses bons offices jusqu'à Adra, où j'allais coucher ; il voulait, disait-il, nous faire prendre un chemin qui serait un peu plus long que celui indiqué par mon guide, mais bien plus joli. J acceptai encore très-volontiers ; nous avions tout le temps nécessaire comme je partais toujours le matin à la pointe du jour, cela me donnait de la marge dans la journée pour me reposer ou aller voir ce que je voulais . Le frater fit donc seller son cheval, et nous entrâmes dans un autre lit du torrent Ah¡ quel délicieux chemin, quelle riante nature! De chaque côté les rochers sont couverts de plantes grimpantes, au dessus desquelles paraissent de petites maisons bien blanches, dans des touffes d'orangers en fleurs embaument l'air. Puis les rochers disparaissent, et le torrent se trouve à travers les champs de cannes à sucre dont. la culture fait la richesse de ce pays ; elle a parfaitement réussi dans les contrées du littoral, depuis Motril jusque près d'Alméria. Nous arrivâmes encore d'assez bonne heure à Adra pour avoir le temps de visiter ce singulier petit port de mer. La ville d'Adra se compose d'une seule longue et belle rue bien bâtie, le long de la mer. Le reste est un ramassis de huttes, remontant sur la colline ; son aspect est bizarre . Cette partie de la ville n'est occupée que par des mineurs, des ouvriers de la fonderie, des gitanos et de pauvres pêcheurs. Toutes les montagnes qu'on voit renferment de grandes richesses en plomb argentifère . II y a plusieurs fonderies à visiter, particulièrement celle del señor Heredia, qui mit une grande complaisance à me la montrer. C'est un des plus beaux et des plus grandioses établissements que je connaisse . L'exportation que fait cette maison, en plomb en barres et en feuilles, en balles, en blanc de céruse, est quelque chose d'immense. Outre l'extrême abondance des mines exploitées par le senor Heredia, ce plomb contient quatre onces d'argent par quintal. Sur le penchant de la colline, on voit aussi les ruines d'un vieux château arabe, mais en si mauvais état qu'elles n'ont plus rien d'intéressant. La journée que j'employai pour aller d'Adra à Almeria fut loin d'avoir les charmes de celle de la veille. Nous marchâmes longtemps au bord de la mer dans le sable ; puis, en entrant un peu plus dans l'intérieur, je trouve la campagne la plus désolée du monde. Depuis deux ans il n'est pas tombé une goutte d'eau ; quelques rares épis d'orge sortent de terre avec une peine extrême et n'ont pas six pouces de haut, quoiqu'ils aient atteint leur maturité . Les montagnes n'ont ni eau ni verdure, et si elles ne contenaient pas des richesses minérales qui occupent un grand nombre d'ouvriers, la misère serait horrible . Rien de triste à voir comme les habitants de ces contrées ; leur teint hâve, leur maigreur excessive que des vêtements en lambeaux laissent apercevoir de tous côtés, tout cela fait mal à voir. Aussi voyage-t-on bien du temps sans rencontrer de village. A trois heures j'arrivais à Roqùetas, pour prendre un repos dont ma garde civile avait bien besoin . C'est un affreux village bâti au bord de la mer, à l'entrée de la baie d'Almeria, en face du cap de Gata. Rien au monde de plus triste que toute cette campagne ; c'est nue véritable thébaide où il y a seulement quelques salines. On aperçoit Almeria au fond de la baie ; on pourrait y aller en une demi-heure avec un bateau à vapeur, tandis que j'ai mis trois heures à y aller par les montagnes. Au reste, je ne l'ai pas regretté ; car cette route, qui est très-bonne, est extrêmement pittoresque : taillée à vif dans les rochers, presque toujours en vue de la mer, c'est un très-beau coup d'oeil . Nous arrivâmes fort tard à Almeria, ce qui m'était égal, puisque je devais y faire un petit séjour. A la porte d'entrée, je fis pour la première fois usage du vil métal; il m'était insupportable de faire décharger ma mule et d'ouvrir mes malles. Au moyen de deux piécettes offertes par mon intelligent guide, le douanier s'attendrit et nous laissa passer, à mon grand contentement ; ma pauvre escorte était brisée de fatigue, et mes animaux auraient pu en dire autant . Les chevaux de Napoléon ont une précieuse qualité pour leur propriétaire : ils vivent presque sans manger. Mon guide leur faisait donner une forte ration de paille et d'orge à quatre heures du matin, avant de partir, et les infortunés ne mangeaient plus que le soir. Alméria est une assez jolie ville de 22,000 âmes ; elle est bâtie en amphithéâtre et présente un agréable aspect . Son nom vient du mot arabe al mariiat . Elle était prospère en ce temps-là, mais aujourd'hui il ne lui reste d'autre témoignage de sa grandeur passée que les vastes ruines de sa citadelle ; elles sont fort curieuses et intéressantes à visiter par les nombreux vestiges qu'on y rencontre. Jetées sur une montagne élevée dominant la ville, on a, du haut de ces ruines, une vue fort étendue, mais extrêmement triste . On m'assure qu'il n'y a rien d'intéressant à voir par terre d'ici à Carthagène; il faudrait trois jours au moins pour y aller à cheval, et la campagne y est aussi désolée que celle que j'ai vue depuis Adra jusqu'ici. Malgré mon horreur pour la mer, je vais m'embarquer ce soir, et je serai demain, à cinq heures du matin, à Carthagène. |
CARTA XX.
Almería, 5 de mayo de
1850. - Créame, mi querido Hugh, no hay una manera más hermosa de viajar por España que la que yo estoy untilizando. La excursión que hice a través de las Alpujarras para llegar aquí es parecida a la que hice por la provincia de Málaga, algunas cosas son tan embriagadoras que las palabras no las pueden expresar. Siempre he tenido, igual que en la primera, un tiempo muy bueno y un calor muy soportable, al menos yo lo veo así. Era el 29 por la mañana cuando me fui de la casa de los pupilos de Don Juan, situada en una pequeña calle que lleva al puente y a la Carrera, Lamento que no pueda tratar en mis notas de forma positiva a este buen hombre que hace todo lo posible por ser tan agradable a sus pupilos Monté esta vez en un buen caballo con una muy buena silla, acompañada de un gallardo guardia civil también a caballo, tuve que partir con el corazón alegre, aunque no eran así mis sentimientos. Recordaba nostalgicamente los días felices pasados en Granada. Tenía el alma triste recordando cuando paseaba y daba mi último adiós a los deliciosos paseos por los Salones, por los bellos caminos, con esas magníficas sombras que nos llevan lejos hacia la Vega. Cuando estábamos a cierta distancia, tomamos a gran galope para llegar al último Suspiro del Rey Moro. Como el desafortunado Boabdil, quería detenerme aquí por un momento y lanzar una última mirada larga y triste sobre este paraíso terrenal, comprendiendo las dolorosas angustias del rey que la había perdido. Cuando Boabdil dejó su capital en manos de los vencedores, le dijo a Fernando: Tuyos somos, rey poderoso y ensalzado; esta ciudad y reino te entregamos, que así lo quiere Allah, y confiamos que usarás de tu triunfo con clemencia y generosidad. El desafortunado monarca no pudo decir nada más, su voz le faltó. A pesar de las súplicas del rey, él saltó sobre su caballo y corrió a toda velocidad en dirección a la Alpujarra donde se había llevado a su familia y un pequeño número de guerreros y amigos devotos que le siguen en su mala fortuna. Llegó así al final de la Vega sobre una colina de Padul entre las rocas. Este es el último punto desde donde se puede ver Granada. Allí, se encontró a toda su familia diciendo adiós al hermoso reino y al palacio encantado, sabían que era una perdida sin posibilidad de retorno. Boabdil desmontó del caballo, también estaba triste por tantos bienes perdidos, se inclinó hacia la tierra, y en uno de esos gritos de agonía del alma, exclamó: Allah akbar¡ (Dios es grande), y derramó abundantes lágrimas. - Sí, llora como una mujer, le dice la orgullosa Aixa su madre, llora, rey sin valor, que no has sabido defender tu corona. -Allah akbar¡ respondió él. Y la desesperación, la vergüenza y el dolor marchitó sus ojos. Él saltó sobre su caballo, lo lanzó con tanta fuerza que la huella de sus hierros todavía se ven sobre la roca, él y su comitiva desaparecieron en lo alto de las Sierras. Es en memoria de esta triste despedida por lo que este lugar fue llamado después el Suspiro del rey moro. Dejando esta meseta árida, y después de haber lanzado mi última mirada a la ciudad del palacio de Perlas, tomamos los senderos que alegres nos conducían hacia una apacible ruta y a través de unos hermosos campos. Este camino es el de Granada a Motril; está comenzado ya desde hace muchos años y fue trazado por un ingeniero francés al que le hizo gran honor. Enormes dificultades del terreno han sido superadas, hay lugares donde las altas montañas, o las masas graníticas fueron cortadas como por arte de magia. En este país poco poblado, donde los brazos se dedica a la agricultura, a veces hay falta de obreros. El gobierno ha tenido la buena idea de usar convictos; hay una gran economía basada en ellos, es un bien para estas personas que trabajan bajo la supervisión estricta de los ingenieros y la tropa, en lugar de tomar más vicios en la ociosidad de las prisiones. Pasamos por los pueblos de Armilla Alendin, Padul, cuyo aspecto es muy extraño. Éste último no está habitado mas que por gitanos, que viven, como en Granada, en las cuevas. Fue en estos países, donde por primera vez, vi a los gitanos nómadas. Ellos acampan donde se encuentran, cuando están cansados, bestias y gentes, todos en desorden en el suelo. Me parece que tienen alguna cosa más salvaje que los de las ciudades; las mujeres, todas cubiertas de baratijas de bronce dorado y descalzas, tienen un descaro que no había visto nunca. Algunas dicen indecentes palabras a mis aguerridos guardianes; y otras me preguntan si yo era la reina para viajar así. Nadie respondió como tú pensarás. Después de Padul nos encontramos Dúrcal y su pequeña ermita, Béznar y Tablate. Entre estos dos últimos pueblos reina el más delicioso valle de naranjas que se puede ver. Después de Tablate, nosotros dejamos el trazado de la ruta hasta Motril, para entrar en los senderos que siempre nos ascienden hasta Lanjaron, donde iba a pasar la noche. Estas montañas están desnudas y áridas, y cuando llegué a una cierta altura, Lanjaron de repente se presentó ante mis ojos, me quedé asombrado. Esta montaña tan verde, tan hermosa, estas cascadas, estos torrentes iluminados por una hermosa puesta de sol, todo esto construye un hermoso cuadro. ¿Cuál no fue mi sorpresa, mi querido amigo, encontrar en este lugar, tan lejos del mundo civilizado, un francés establecido, regentando la posada de este pueblecito. Él me tomó primero por una inglesa; después, se arrepintió de tal confusión, y no sabía qué decir y hacer para que me olvidase de ello. Toda la casa se puso en movimiento para que la compatriota fuera tratada con todos los honores que es debido. El buen hombre no había tenido la oportunidad de decir una palabra en francés desde 1814, que se casó y se estableció en Lanjarón, por lo que su alegría fue muy grande. A la mañana siguiente, mi anfitrión y dos oriundos amigos suyos vinieron para llevarme a visitar las fuentes y los sitios deliciosos de los alrededores del pequeño pueblo. Si éste estuviera en Francia, que partido tendríamos con tanta riqueza de agua mineral!. Pero los españoles que, desafortunadamente para ellos, tienen tan pocas necesidades, no saben explotar las munificentes de la naturaleza para su provecho. En esta adorable montaña, además de las virtudes que se ven, contiene en su interior varias fuentes diferentes de una gran eficacia. Pero el acceso a Lanjaron es imposible para las personas muy enfermas, porque no se puede venir mas que a caballo, por lo que se deduce que sus aguas están poco aprovechadas. Vi primero la fuente de la Capuchina, donde el agua es horriblemente salada y amarga, y puede estar a unos 20 grados; las Fuentes de la Salud y San Antonio, que curan la fiebre y es la más abundante del establecimiento. Está muy cargado de hierro; y mana a 24 grados. Pero. dios mío, qué establecimiento! Y cuando uno no tiene más que levantar el mármol de tu alrededor para hacer bellas y útiles cosas! Mi anfitrión me dijo esto: "Es la falta de caminos lo que impiden que vengan muchos, y los gastos que haría falta serían demasiados" Imagínate una cabina que se reconstruye cada año para la temporada de las aguas: tienen tres piscinas, pudiendo albergar cada una seis personas, todo muy descuidado. El agua es tan abundante que se renueva continuamente en las tres piscinas. Nada tan encantador como la posición de la cabina, situada sobre una colina que se eleva en medio de un profundo valle, todo plantado de naranjas. Allí se sumerge en los otros valles, todos de aspecto diferente; es delicioso. Yo había visto en Tarifa un médico alemán que se ocupaba de un gran trabajo sobre balnearios en España, coloca las aguas de Lanjaron entre los más eficaces de la Península. Del establecimiento, descendemos a través de los bosques de naranjos en flor, al antiguo castillo árabe, su posición es muy pintoresca. Está situado en la afilada punta de una alta roca que aparece salir de la tierra, Está en el valle de Lanjaron. Hace falta tener agilidad y la habilidad de las cabras para llegar facilmente hasta estas hermosas ruinas. Dos altas torres están aún en pie, y una vez que me encuentro en el patio del castillo, se puede fácilmente llegar hasta las plataformas donde se tiene una vista muy hermosa. Mi anfitrión, un hombre prudente, no llegó a la cima, pero sus compañeros, al ver mi insistencia en querer subir, y con la ayuda de sus manos, se colocaron inmediatamente detrás de mí para socorrerme en caso de una caída. Sus aptitudes montañeras hacen de ellos verdaderas gamuzas. Levantan sus brazos por todos lados, diciendo:. "Dios mío que mala suerte, si la primera señora francesa que viene aquí se despeña al lado nuestro", pero finalmente, conseguí su satisfacción. Mi anfitrión quería que viera las huertas principales, incluida la suya, que es una de las mejores. Todas estas huertas están colocadas en terrazas desde arriba hasta abajo de la montaña donde la tierra ha sido llevada. La abundancia de agua, y la buena posición de la montaña hacen pensar qué la gente de estos lugares pueden sacar un buen partido, a fuerza de trabajo y con la tierra que trajeron ellos desde el fondo del valle, convirtieron en el jardín Hespérides la alta montaña de Lanjaron. Tu sabes que esas tierras producen muchísimo, yo no había visto tan buenas naranjas como las de la huerta de mi buen anfitrión, Juan Delpino. La de dos años están cubiertos de frutas, las de siete años son gordas como nueces. Salí cargado de flores y fruta para mi camino. Desde su propiedad, mi anfitrión me llevó a un bosque tan encantador que los he nombrado, el Paraíso (le paradis). Si no comenzara e estar un poco apurada por el tiempo, con mucho gusto me quedaría un día más para explorar esta bella y graciosa naturaleza, pero no hay que olvidar que el calor pronto va a ser muy fuerte, y además, tengo mil razones para volver a esta pobre República Francesa, a pesar de la poca simpatía que siento por la robusta diosa que ella alaba hoy. A las cuatro de la tarde, yo dejé a mi compatriota el posadero sonriendo cuando dejé Lanjaron, para ir a Orgiba a pasar la noche. Bajamos al valle, siempre a través de preciosos jardines, y después de subir una montaña alta por un camino muy malo, eché un último vistazo a esta hermosa imagen, sobre esta vegetación permanente, con aguas que la puesta del sol hace centellear en miles de luces de arriba a abajo de la montaña de esmeraldas, luego giramos a la izquierda y Lanjarón había desaparecido para siempre. Me doy cuenta de que el traje de las mujeres es siempre el mismo, es una falda amarilla. En cuanto a los hombres, es más árabe que en los campos de Granada. Llevan unos pantalones anchos de lienzo blanco, que llegan solo hasta la rodilla, un cinturón de lana roja alrededor de su cintura, no tienen mas que un chaleco y la clásica capa española se sustituye por una especie de manta de lana a cuadros azules y blancos. Esta manta es muy larga y doblada por la mitad a lo largo de su longitud; uno de los extremos se cose para formar una bolsa, y esta parte, hacia adelante, les sirve pare meter pequeños bocados de provisión. Me encontré de pronto transportado a un lugar encantador en el medio de una naturaleza terrible sin vegetación. Desde la distancia, vi Orgiba en una posición bastante pintoresca. Este pueblo está situado en el centro de una cuenca formada por altas montañas, las dos torres de su iglesia tienen un buen efecto desde lejos. En cuanto al pueblo, que es feo y sucio con ganas. Y la posada! ya no la encontré regida también por un francés, pero no vale como la del formidable Juan Delpino; su esposa, la más estúpida bruta del mundo me trajo doce pares de sábanas una tras otra antes de que pudiera encontrar alguna que no hubiera tenido contacto humano desde que fuera (sabanas usadas) lavada en el río. Sin embargo, hagamos justicia, en cierto aspecto, a las posadas, yo no he encontrado todavía ese animal repulsivo que dicen tan común en España, si este no está en la solitaria Ujijar de la que hablaré muy pronto. Esto viene por la precaución que yo tomo y te digo para tu información. Hay que de tener cuidado cuando duermo en una cama: después de extender un paño en el suelo, se coloca sobre un colchón envuelto en tela blanca, durmiendo en él lo mejor posible, también tenemos que mantener la luz toda la noche. Hay que ver la pequeña iglesia de Orgiba y las pinturas muy buenas que se encuentran en su sacristía. Las montañas que rodean esta ciudad tienen minas de plomo argentífero, cuyo funcionamiento ocupa a un gran número de trabajadores. La más rica es el de la Sierra de Lucar. La jornada de Orgiba a Ujijar fue deliciosa. A pena salimos de la cuenca, que es la primera parte, entramos en el largo lecho del torrente de Cadiar, que serpentea sin ocupar la segunda parte. Estoy obligada a ir siempre andando, desde Lanjaron, sólo tenía gendarmes a pie, pero este camino es tan delicioso que no me arrepiento. El lecho del río, siempre protegida del sol por las rocas y las sombras, está cubierto de laureles en flor y arbustos adornados de todos los colores, es el paseo más hermoso que se puede imaginar. Durante nueve horas de ruta, no me encontré con ningún pueblo, sólo unos pocas Ventas en las que es muy agradable beber el vino dulce de estos lugares, tumbado junto al agua fresca de las alcarrazas. Dejamos nuestro torrente cerca de Ujijar para luego tomar el sendero que conduce hasta él. Este acogedor y pequeño pueblo está situado en una posición encantadora en una colina con una maravillosa fertilidad; el valle que está a sus pies es un verdadero jardín; las montañas que lo rodean tienen minas de plomo. La iglesia está construida sobre las ruinas de la antigua mezquita, pero no queda nada de ella. Ujijar fue la capital de la antigua provincia de La Alpujarra, aquí tuvo lugar la batalla final entre los españoles y los árabes, batalla que decidió la suerte de estos últimos, luego fueron perseguidos hasta Tarifa, donde se embarcaron. Tengo buenos recuerdos de sitios con encanto que rodean esta antigua capital, pero no puedo decir lo mismo de ella misma. Es imposible, sin embargo, producir más efecto; un extranjero nunca se había visto en estos lugares tan remotos, tenía bastante curiosidad, y, bajé a la plaza, toda el pueblo estaba a mi alrededor, mis guardias civiles se vieron obligados a utilizar los medios más contundentes para evitar esta inoportuna multitud. Por último, un señor, un notable del lugar, un verdadero caballero, llegó a interponer su autoridad y me ofreció su brazo para mostrarme el pueblo. La sorpresa estaba en su apogeo, yo debía ser una importante dama; seguramente el posadero tenía la misma convicción, a juzgar por la factura que asustando me presentó por la mañana, y que, pudo ser la noche más horrible que he pasado de mi vida. El mismo Caballero que, pasó la tarde con nosotros, me había ofrecido su hospitalidad, estoy arrepentida de no haberla aceptado. Las paredes de las habitaciones de la posada, las lámparas de juncos, todo estaba lleno de miles de millones de bichos. Me cambiaron tres veces las habitaciones, sin encontrar reposo; y finalmente me decidí a sentarme en el patio, esperando el amanecer. Sin embargo, el patio estaba lleno de arrieros acostados en el suelo, envueltos en sus mantas o pieles de oveja. Finalmente tome el rincón más retirado. Mi guía, que más tarde le mostré mi sorpresa ante esta singular dormitorio, me dijo que los arrieros, no duermen nunca en una cama, por lo general son tan pobres, que no pueden hacer este gasto en las posadas y sin embargo, no cuesta mas que un real, pero están acostumbrados a ello desde la infancia, y dormir en el suelo, o en el mejor colchón da lo mismo a pesar de sus sesenta años, me dijo que él mismo, no conocía mas que su piel de cordero estirada en el suelo. Por lo que, existe en España un gran número de población que nunca ha conocido los placeres de la cama; compuesta de arrieros, trabajadores del campo, de criadas domésticas y de un gran número de gitanos. Su alimentación está en consideración con esta forma de vivir: a veces comen una sopa espesa por la mañana, pero es un extra, lo más normal es el pan y el ajo con la ensalada de cebolla cruda, o el bacalao crudo, pero nunca les falta el vino o un poco de aguardiente, aunque no llegan a emborracharse. Este aguardiente es de color blanco y con olor a anís, con agua y azúcar, es una bebida muy buena para el calor. Sigo diciendo que, después de ver a la gente de España en los pueblos y en el campo, después de que muy a menudo y voluntariamente me haya mezclado con esta noble gente, sí, repito que, a pesar de ciertos rateros que asolan Andalucía, el pueblo español es extraordinariamente muy bueno y hospitalario; sus instintos son generosos, y sus sentimientos elevados. Por último, para volver a Ujijar yo diría a todo viajero que me consulten: Prefiero la bóveda del cielo celeste en el jardín de la posada o en los campos, a las habitaciones de este abominable establecimiento ". Temprano por la mañana,Fuimos siguiendo el lecho de nuestro torrente, el cual se volvió cada vez más pintoresco. Al cabo de una hora de Ujijar, estábamos entre altas paredes de roca roja de muy bello efecto, y tuvimos también la ventaja de salvarnos de un sol ardiente, Tras lo cual nos encontrábamos acercándonos a la pequeña ciudad de Berja, dos pueblos con encanto con forma de anfiteatro. Berja es una hermosa ciudad situada en un valle alegre y fértil donde yo quería quedarme un poco para pasear. Mi guía tenía en Berja un amigo médico, tuvo la ingeniosa idea de ir sin consultarme, y le rogó que viniera a ser mi cicerone. Yo acepté con agradecimiento el ofrecimiento que me hizo el amigo. Después de haber paseado durante dos horas, él nos sugirió de seguir sus buenos oficios hasta Adra, donde yo dormiría, el quería, dijo, que tomáramos un camino que sería un poco más largo que el indicado por mi guía, pero mucho más hermoso. Yo acepté de buen grado, teníamos todo el tiempo necesario ya que yo me iba siempre al apuntar el día, esto me daba margen durante el día para descansar o ir a ver lo que yo quisiera. El amigo hizo ensillar su caballo y entramos en el lecho del río. Ah¡ que camino tan delicioso, que alegre naturaleza¡ En cualquier lugar las rocas estaban cubiertas de enredaderas, por encima de las cuales aparecen pequeñas casas muy blancas, con naranjos en flor que embriagan el aire. Después las rocas desaparecen, y el torrente corre a través de los campos de caña de azúcar, que es la riqueza de este país,que ha tenido bastante éxito en las comarcas del litoral, desde Motril hasta Almería. Llegamos temprano a Adra para tener tiempo de visitar este singular y pequeño puerto de mar. La ciudad de Adra se compone de una sola calle larga y hermosa muy bien construida a lo largo de la costa. El resto es una colección de chozas que se extienden por la montaña; con un aspecto raro. Esta parte de la ciudad está ocupada solo por los mineros, los trabajadores de la fundición, los gitanos y los pobres pescadores. Todas las montañas que se ven tienen grandes riquezas de plomo argentífero. Hay varias fundiciones para visitar, especialmente la del señor Heredia, que puso un gran interés en mostrármela. Es uno de los establecimientos más bellos y más grande que conozco. La exportación que hace esta firma, en barras de plomo y planchas, en balas y blanco de plomo, es algo inmenso. Además de la gran abundancia de minas explotadas por el señor Heredia, este plomo contiene cuatro onzas de plata por quintal. Sobre la pendiente de la colina, también vemos las ruinas de un antiguo castillo árabe, pero en tan malas condiciones que no tienen nada de interesante. El día que yo empleé para ir de Adra a Almería está muy lejos de tener los encantos de la víspera. Caminamos un largo tiempo al borde del mar sobre la arena, y luego al entrar un poco en el interior me encontré con el campo más desolado del mundo. Desde hace años no ha caído una gota de agua, unas pocas espigas de cebada salen de la tierra con gran dificultad y tienen a apenas seis pulgadas de alto, aunque ya hayan alcanzado la madurez. Las montañas no tienen ni agua ni vegetación, y si ellas no tuvieran alguna riqueza mineral que ocupa a un gran número de trabajadores, la pobreza sería horrible. Nada tan triste como ver como a los habitantes de estos lugares, su tez demacrada, la delgadez excesiva que sus ropas andrajosas dejan ver por todos lados, todo esto duele al verlo. Viajé bastante tiempo sin encontrar ninguna población. A las tres de la mañana llegué a Roquetas, para descansar con mi Guardia Civil, que ya lo necesitaba. Es un pueblo horrible construido al borde del mar, en la entrada de la bahía de Almería, frente a Cabo de Gata. Nada en el mundo es más triste que todo este campo, es un verdadero thébaide donde hay solamente algunas salinas. Se percibe Almería en el fondo de la bahía; podíamos ir en una media hora con un barco de vapor, mientras que emplearé tres horas yendo a través de las montañas. Además, no me arrepiento, porque este camino, que es muy bueno, es muy pintoresco, tallado a vivo en las rocas, casi siempre viendo el mar, es muy bonito para contemplar. Llegamos muy tarde en Almería, lo que me daba igual, porque tenía que hacer un descanso. Es en la puerta de entrada, hice por primera vez uso del vil metal, se me hizo insoportable la idea de descargar mi mula y abrir los baúles. Por medio de dos monedas ofertadas por mi inteligente guía, el aduanero se ablandó y nos dejó pasar, para mi gran satisfacción, mi pobre escolta estaba agotado por la fatiga, y mis animales podrían decir lo mismo. Los caballos de Napoleón tienen una buena cualidad para su propietario: viven casi sin comer. Mi guía les daba una fuerte ración de paja y cebada a las cuatro de la mañana, antes de salir, y los desdichados no comían más hasta la noche. Almería es una ciudad bonita de 22.000 almas, que está construido en forma de anfiteatro y presenta un agradable aspecto. Su nombre proviene de la palabra árabe al mariiat. Está prosperando en este momento, pero ya no le queda otro testimonio de su grandeza pasada mas que las extensas ruinas de la ciudadela, son muy curiosas e interesantes de visitar por los numerosos vestigios que encontré. Ubicado en un monte alto que domina la ciudad, tenemos, desde lo alto de estas ruinas, una vista muy amplia, pero extremadamente triste. Me aseguran que no hay nada interesante que ver por tierra desde aquí a Cartagena; hacen falta tres días al menos montados un caballo, y el campo es tan desolado como el que he visto desde Adra hasta aquí. A pesar de mi terror el mar, me voy a embarcar esta noche, y llegaré mañana, a las cinco de la mañana a Cartagena. |